Chômage, dette, inflation, récession, crise de sens, climat, biodiversité, pollution, pics de production, tensions géopolitiques. Notre époque est confrontée à de nombreuses crises.
Faisons dans ce chapitre, le tour de ces dilemmes auxquels notre monde est confronté. Nous allons démontrer qu’aucun des systèmes économiques connus, comme le libéralisme, le socialisme, le communisme ne sera capable de régler efficacement ces dilemmes dans leur ensemble. Car, ils sont à la base tous connectés aux même dogme : le productivisme.
Contrairement à ce que l’idéologie dominante veut nous faire croire, notre système économique n’est unique, il n’est pas exclusif, il n’est pas indéboulonnable. Et il n’est certainement pas le plus adapté pour résoudre les enjeux auxquels notre société fait face ; et que bien au contraire, il les engendre et les amplifie.
De surcroît, les religions moralisatrices n'arrangent rien ; entre les "Tu gagneras ton pain..." et les "Soumettez la Terre, dominez-là...", on peut raisonnablement penser que ces préceptes ancestraux ne sont plus adaptés aux enjeux mondiaux actuels. Si une nouvelle religion devait apparaître, il serait bon qu'elle place l'humain comme partie prenante de la nature, pas au dessus.
De la même manière qu’il est illusoire de réparer une porcelaine avec un marteau, nous ne parviendrons pas à une économie de précaution et de soutenabilité avec un système financier conçu pour générer toujours plus de croissance et d’extraction.
Globalement, les nations de notre monde font toutes face aux mêmes dilemmes. Nous avons tous énormément de chômage, le niveau d’endettement planétaire est gigantesque. Nous devons réaliser la transition écologique, régénérer et préserver les communs, eux-mêmes garants des conditions de la vie sur Terre. Nous devons éviter le réchauffement climatique en mettant un terme à l’exploitation des énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Nous devons dépolluer les océans, re-forester, ré-ensauvager le vivant, mettre un terme à l’artificialisation des sols, etc..
Nous avons aussi l'inflation, la hausse des prix des biens et services, est un problème persistant qui réduit le pouvoir d'achat et aggrave les inégalités. Elle peut être provoquée par divers facteurs, comme les politiques monétaires et fiscales mais aussi de facteurs extérieurs à la monnaie, comme les pénuries provoquées par les guerres, les mauvaises récoltes dues à l'épuisement des sols, les pics de productions, l’épuisement et la raréfaction des ressources naturelles. Nous faisons aussi face à l'inflation. C'est-à-dire la perte de pouvoir d'achat, soit à cause de la monnaie ou alors à des pénuries dues aux guerres, aux mauvaises récoltes, ou autres cargos qui bloquent le canal de Suez pendant 3 semaines.
La décroissance est un sujet polémique qui fait couler beaucoup d'encre depuis ces dernières années. NEMO IMS est un modèle qui promeut une nouvelle sorte de finance qui permettrait cette décroissance sans sacrifier les besoins sociaux essentiels des hommes (théorie du donut). Il conviendra de faire le tri entre l'incontournable et le superflu dans ce que est produit. Quoi qu'il en soit, nous devons en finir avec le paradigme consumero-productiviste. Autrement dit, avec la croissance, car nous savons que le découplage est impossible.
Par ailleurs, nous devons instaurer un fort indice de développement humain, le progrès social. Faisons face à l’inflation, à la récession. Nous devons nous préparer à d’éventuelles nouvelles crises financières, peut-être pire que celle de 2008. Trouver le moyen d’éviter les différents pics de productions qui nous attendent, le pic de l’eau douce, le pic du pétrole, le pic des terres rares, du cuivre, le pic du phosphore, etc... Éviter les conflits militaires et leurs propagations. Que pourrait devenir le monde sous l’égide de la BRICS après un éventuel repli du dollar ? Serons-nous condamnés à toujours plus d'extraction pour rester dans le jeu de luttes commerciales amplifiées par logiques de monnaies adossées à des ressources naturelles ?
Tous ces dilemmes semblent imbriqués les uns aux autres comme un grand casse-tête chinois où chacun d'eux se comporte comme une clé qui verrouille tous les autres.
Dans notre logiciel économique actuel, les domaines publics sont financés par l’impôt ; ils sont donc tributaires de la croissance. Ainsi, l'objectif de bien être à court terme engendre les conditions du mal-être à long terme. On reste enfermés dans ce mythe de Sisyphe économique où le « bien » est financièrement tributaire du « mal ». De la même manière, dans ce mécanisme où la transition devrait être financée par l'impôt, cela revient à détruire le monde pour gagner les moyens de le réparer... ou simplement pour obtenir les moyens du progrès social.
Nous devons financer la transition écologique, mais comme cette transition va nécessiter de grands investissements à longs termes, nous comptons sur l’argent de l’impôt pour réaliser ces investissements. Mais c’est oublier que l’impôt est un prélèvement sur la plus-value de production. Et que la production engendre nécessairement des dégâts écologiques, pollution, extraction, réchauffement climatique, érosion de la biodiversité, etc.
Nous sommes enfermés dans un mécanisme où la réparation des externalités négatives est financièrement tributaire des processus économiques qui les engendrent.
Certains pensent qu’il conviendrait d’augmenter la pression fiscale pour pouvoir financer la transition, ou de fortement taxer les riches. Cela peut partir d’un bon sentiment, mais c’est encore une fois s’enfermer dans ce mécanisme où la réparation des dégâts écologiques est financièrement dépendante des processus productiviste et extractifs qui en sont à l’origine. Et rappelons que si les riches le sont devenus, c'est forcément par des processus qui ont fortement dégradé la nature, car ce sont les domaines les plus rentables qui sont les plus nuisibles et extractifs.
De surcroît, constatons que nous vivons dans un monde rempli de paradis fiscaux. Dès qu'il sera demandé aux riches de payer plus d’impôt pour financer la réparation des dégâts écologiques à l’origine de leurs richesses, vous les verrez rapidement disparaître offshore avec le pactole. Le bien commun ne se réparera pas par la générosité des égoïstes.
Non seulement, il faut arrêter de détruire pour gagner les moyens de réparer, mais il faut aussi trouver de nouveaux moyens de réparer sans détruire.
Nous voyons donc que financer la transition écologique, la préservation ou régénérescence des communs par l’impôt est un non-sens. Cette méthode est comparable à l'idée de financer la transition par de la dette publique. Dette souveraine qu’il faudra solder tôt ou tard par la fiscalité (ou pour ne payer que des intérêts sur la dette). Nous avons compris que la croissance verte est une illusion, que le découplage est impossible, on s’enferme encore dans cette même logique, mais cette fois de manière inversée. Dans un sens comme dans l'autre, le résultat est le même. C’est comme si on créait une dette pour sauver le monde, pour ensuite devoir le tuer pour rembourser cette dette.
Autre problème : Il y a aussi le chômage structurel de masse qui est le résultat de multiples facteurs, comme les délocalisations, la robotisation, c’est à dire, la grande relève des hommes par la machine, l’intelligence artificielle. Contrairement à ce que pensent certaines personnalités, il est illusoire que les machines soient là pour épauler les hommes, elles sont plutôt là pour les remplacer. Ajoutant à cela, la financiarisation de l’économie, nous voyons bien que le management agira systématiquement dans le sens des exigences financières. Dès qu’il sera possible d’augmenter les bénéfices financiers au détriment de la masse salariale, le chômage augmentera.
Nous voyons très bien cela dans ces usines chinoises remplies de robots gouvernés par une poignée d’ingénieurs sur-qualifiés. Puis un jour, eux-mêmes seront relevés par l’intelligence artificielle. Sur le plan micro économique, les bénéfices à court terme sont visibles, mais sur le plan macro économique et sur le long terme, ces logiques s’avèrent être des catastrophes économiques et sociales, qui de toutes manières se répercuteront sur les résultat micro économique. Comment voulez-vous que des gens dépourvus d’emplois, et donc de pouvoir d’achat, puissent avoir les moyens d’acheter les marchandises produites par des machines ? Il arrive un moment où nécessairement le système se bloque. Autre facteur, la mondialisation a aussi provoqué des délocalisations de la production vers des pays à moindre coûts de main d’oeuvre.
Les multinationales produisent là où la main d'oeuvre est pas chère, vendent là où il y a encore de l'argent à faire et fiscalisent là où c'est le plus avantageux.
Nous devons donc recréer des emplois, mais c’est la finance qui donne le ton en ne finançant que les projets rentables à court terme. Nous sommes donc face à une situation inédite où dans les domaines marchands, on dégraisse de la masse salariale dès qu’il est possible de remplacer des hommes par des machines, alors que dans les domaines non-marchands les besoins sont énormes et les moyens se réduisent comme peau de chagrin à chaque nouvelle mesure d'austérité.
Abordons maintenant le dilemme de contrainte extérieure. Nous vivons dans un monde fait d’échange et de commerce. Il est même des théories qui proclament que l’échange est une base essentielle pour garantir la paix entre les peuples. Dans son livre « la richesse des nations » Adam Smith fait l’éloge des avantages que les pays ont a faire commerce. Cette pensée a été ensuite complété plus tard par David Ricardo et l’actuelle globalisation n’est finalement que la suite des préceptes de ces deux auteurs.
Mais c’est sans compter sur le fait que le commerce international repose sur un paradigme extractif. Les nations produisent des marchandises, des biens et des services grâce à l’exploitation des ressources naturelles qu’ils puisent dans leurs sols. C’est donc la planète et ses ressources naturelles qui sont les payeurs en premier ressort du modèle économique des hommes.
Nous savons que ce qui était possible avant la révolution industrielle en 1800, n’est plus possible de nos jours pour de nombreuses raisons. Les pics de productions observés dans de nombreuses matières premières, des ressources naturelles, d’énergies non-renouvelables nous font dire que la croissance économique observée lors de ces deux derniers siècles n’a été qu’un minuscule épisode dans l’histoire des hommes, qui a été permis grâce à l’abondance des énergies fossiles. Mais force est de constater que cette page, pour de multiples raisons comme les émissions de CO² ou les pics de productions, se terminera dans les prochaines décennies.
Pour revenir au dilemme de contrainte extérieure, et comme l’explique très bien Benjamin Brice dans son dernier ouvrage, notre économie s’est enfermée dans une logique où les décisions de politiques économiques sont contraintes par les choix des autres nations. Si par exemple, nous décidions de produire dans un plus grand respect de l’environnement, cela augmenterait les coûts de productions qu’il faudra répercuter sur les prix finaux.
N’oublions pas que le principe de précaution ou la réparation de nos externalités négatives engendrent des charges supplémentaires. Si nous pratiquons cette politique alors que les autres nations ne le font pas, nous vendrons plus cher et nous risquons de perdre des parts de marché à l’international.
C’est le plus nuisible qui mène la danse. Les autres sont contraints de suivre s'ils ne veulent pas être out of game.
La globalisation a conduit à une compétition mondialisée, financiarisée où ce sont toujours les hommes ou la planète qui servent de variable d’ajustement. Là où il faut faire des économies ou réduire les coûts, c’est l’humain qui paye. Là où il faut produire plus, c’est la planète qui paye. L’humain, l’environnement, la biodiversité sont toujours ceux qui doivent se plier aux exigences des lois économiques, elles-même dictées par la finance et les politiques brandissant le prétexte de la contrainte extérieure. Si nous voulons sortir de cette folie mondialisé, il faudra réunir les gens autour d'une table, leurs faire comprendre qu'ils ont tous les mêmes problèmes et que la solution se ne trouve pas dans la compétition, mais dans la coopération.
Nous pouvons constater que notre balance de commerce extérieure est déficitaire depuis deux dizaines d’années. Cela veut dire que si nous voulons rééquilibrer notre balance de commerce extérieure, il faudra produire de nouvelles choses, nécessitant une extraction et une dépense d’énergie supplémentaire, pour les vendre à nos partenaires internationaux. Sans compter que les chinois, pour ne citer qu’eux, parviennent toujours à produire les mêmes choses que nous, en mieux, en plus vite et moins cher.
Notre époque est aussi soumise à ce que certains économistes qualifient de « fin de l’innovation ». C’est à dire que beaucoup des choses que les hommes ont inventé et qui ont participé aux heures de gloire du capitalisme depuis 200 ans sont derrière nous. Ce qui a déjà été fait en terme d’invention, n’est plus à faire. À moins de faire tourner l’économie de manière absurde avec l’obsolescence programmée ou en créant toujours plus de faux besoins ou de faux problèmes pour augmenter les fréquences commerciales. Nous sommes donc confronté à une situation où les héritiers du capitalisme exigent toujours les mêmes rendements financiers, sans qu’il n’y ait pour autant matière à innover pour engendrer ces rendements. Ce qui est vrai dans les secteur marchands, en revanche, dans les secteurs non-marchands, il y aurait beaucoup à faire.
Cette « crise de l’utilité » expose que nous ne savons plus quoi inventer pour faire tourner la machine à cash, pour créer des emplois et satisfaire les rendements financiers. Et quand bien même l’on invente un nouveau bidule révolutionnaire, un nouveau gadget promit à un carton commercial, 6 mois plus tard, il sera produit par des robots dans une usine chinoise ; financiarisation de l’économie oblige. De surcroît, rappelons-nous que tout cela n’est possible que grâce à l’hyper exploitation de ressources naturelles et d’énergies non renouvelables.
Notre économie est trop extractive, génère trop de déchets et de pollution. Pour produire de la fausse richesse, nous détruisons l’inestimable !
Notre époque fait aussi face à un nouveau mal : la crise de sens. Une situation inédite où les gens démissionnent de leurs emplois car ils le trouvent absurde. Cette situation est selon moi provoquée par la financiarisation de l'économie. Notre économie est motorisée par une une finance qui en veut toujours plus dans un contexte où les problèmes originaux -- c'est-à-dire, ceux qui permirent au capitalisme de 1800 de prospérer -- sont épuisés et que l'innovation prend souvent des caractères absurdes. Si les problèmes originels sont épuisés, comment donc faire fortune dans le commerce de solutions ? La réponse est simple : le capitalisme moderne, dans sa version financiarisée, ne peut justifier sa raison d'être qu'en créant de nouveaux problèmes pour vendre de nouvelles solutions. C'est cette bullshitification de l'économie que j'appelle la "crise de sens". Nous ferons un article exhaustif plus tard pour parler de cette crise de sens.
Cette crise de sens imprègne notre société moderne. Notre poursuite incessante vers la croissance économique ignore souvent les valeurs humaines fondamentales et les critères environnementaux. Il est crucial de reconnaître que la prospérité économique ne doit pas se faire au détriment de la qualité de vie, du bien-être social et de la santé de notre planète. Les hommes sont-ils condamnés à détruire leur planète parce qu’ils sont incapables de faire naître un imaginaire alternatif à celui du consuméro-productivisme ?
La nécessité d'une transition énergétique vers des sources renouvelables est impérative pour combattre le changement climatique. Cependant, ce processus est entravé par le manque de volonté politique et l'influence des industries fossiles. Une véritable transition écologique nécessite un changement radical dans la manière dont nous produisons et consommons l'énergie. La dégradation environnementale et la perte de biodiversité représentent une crise imminente. La préservation et la régénération des ressources naturelles et des écosystèmes est incontournable pour maintenir l'équilibre écologique nécessaire à la vie sur Terre.
Bien que les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et l'Accord de Paris aient établi des cibles ambitieuses, leur mise en œuvre reste un défi majeur. Il est essentiel de reconnaître que sans un changement fondamental dans nos systèmes économiques et politiques, atteindre ces objectifs restera un rêve lointain.
Nous avons aussi les récessions économiques, des périodes de ralentissement économique qui ont des répercussions profondes sur la société. Elles peuvent entraîner des pertes d'emplois, une diminution des revenus et une augmentation de la pauvreté. Comme il a été dit plus haut, la prise en compte de l’ensemble de ces dilemmes ressemble à un grand casse-tête, où chacun d’eux, pris indépendamment, se comporte comme une clé qui verrouille tous les autres. De toutes évidences, rien de ce que nous connaissons dans nos théories économiques ne sera capable de résoudre ces dilemmes, car aucune ne les aborde ne manière holistique. Nous avons besoin d’inventer un concept économique entièrement repensé qui permettra d’atténuer ces dilemmes, dans leur ensemble.
Ces défis soulignent l'urgence de repenser notre système économique et de trouver des solutions innovantes dans les domaines de la monnaie, des banques, de la finance, de la comptabilité, de la fiscalité mais aussi juridique, dans l'idée d'une sanctuarisation mondiale des communs. Il nous faut imaginer un système qui favorise la coopération plutôt que la compétition, qui valorise la durabilité et le bien-être humain au-dessus des gains économiques à court terme, et qui reconnaît la nécessité de vivre en harmonie avec notre environnement. NEMO IMS propose un chemin vers cet avenir, en s'attaquant à ces défis de front et en offrant des solutions innovantes et pratiques.