Nulle question n’est plus actuelle. Nous avons vu qu’une économie sobre n’est pas compatible avec une finance ogre. La transformation de notre économie, condition indispensable à la préservation de la vie passera obligatoirement par une mutation de notre système monétaire, bancaire et financier. De la même manière qu’il est illusoire de réparer une porcelaine avec un marteau, nous ne ralentirons pas le productivisme prédateur avec un système financier qui est conçu pour l’accélérer
Rappelons que NEMO IMS est un système conçu pour permettre la décroissance ou éventuellement une croissance sélective. Le modèle productiviste est enfermé dans l’idéologie du marché salvateur et prétendument auto régulateur basé sur la croissance infinie. Las, quand nous n’avons pas affaire à des climatosceptiques, nous avons les apôtres du techno-solutionnisme qui martèlent que la transition passera par la géo-ingénierie. Ces adorateurs du marché ne produisent que des pertes de temps et l’arlésienne (1 pas en avant, 2 pas en arrière) quand ce n’est pas de la politique de l’autruche.
Nous constatons, année après année, COP après COP, que la grande transformation économique indispensable pour garantir les conditions de la vie sur Terre, est repoussée, ignorée. La finance aux manettes de l’économie donne toujours l’orientation vers la maximisation des profits à court terme sans discerner les contours de son propre aveuglement paradigmatique. Nous savons que les domaines les plus rentables sont les plus nuisibles et extractifs. Il en résulte que notre manière de faire l’économie ne se transformera pas par les mécanismes spontanés du marché, mais par des incitations efficaces, des règlementations fortes et des pénalités contraignantes, car elles seules seront capables de réellement faire bouger les lignes. Si c’est le court-termisme de la finance qui donne le ton, il nous faut envisager une transformation de cette finance
Nous avons vu que la monétisation de la régénérescence des services écosystémiques ne nécessite pas l’argent de l’impôt, mais elle produits des revenus venant d’un commerce extérieur « virtuel » participant aux bénéfices de tout et de tous. Cette redistribution des cartes en permanence engendre une (pseudo) croissance issue de la régénérescence des communs planétaires. Dans ce concept, des hommes, des entreprises, des pays pourront assurer le bien être autrement que par des processus extractifs.
Ce ne sont ni les hommes ni la planète qui ont besoin de croissance, c’est la finance !
Il reste cependant certains domaines marchands qui devront décroitre ou disparaitre. On n’imagine pas le nombre de choses absurdes inutiles et polluantes que l’on s’oblige à faire, au nom de la réussite économique et à la gloire du PIB. Nous savons que le PIB est un indicateur incomplet. Généralement, les économistes se congratulent de la grandeur des chiffres sans jamais se questionner sur la teneur ou la pertinence des activités qui en sont à l’origine. Finalement, est-ce que toutes les choses que nous produisons n’engendrent pas plus de problèmes que de bienfaits pour la société ? Ne crée-t-on pas de faux besoins pour aguicher nos désirs ? de fausses peurs pour aguicher nos affects ? et ainsi faire tourner la machine à cash ? Dans cette économie qui ne sait plus quoi faire pour se réinventer et justifier sa propre raison d’être, n’en vient-on pas à créer des problèmes pour vendre des solutions ?
Il fut un temps où la finance était au service de l’économie. Aujourd’hui, c’est l’économie qui est à son service. Dans cette affaire, l’homme et la nature ne sont que des variables d’ajustement. La finance a pris possession d’une place qui ne peut ni ne doit lui revenir. De statut de simple outil, elle est devenue la reine du système. Transformant notre économie en une calamité de Sisyphe interminable, où les financiers veulent toujours plus de profits sans comprendre que c’est le saccage de la planète qui en est la contrepartie. De simple servante, la finance est devenue une reine tyrannique ; une reine rouge
Poser ce genre de questions ne doit pas être réservé qu’aux seuls économistes. Il règne un manque de transversalité interdisciplinaire entre les sciences humaines. Les économistes semblent enfermés dans une cellule leur servant de cadre de pensée tout le long de leur carrière. Il leur est demandé de chercher la clé à l’intérieur de cette cellule, alors que la clé se trouve nécessairement à l’extérieur. Il conviendra donc de faire appel aux autres disciplines pour chercher ensemble cette clé. À travers des barreaux, communiquer avec le « dehors », soulever tel concept philosophique, telle théorie sociologique. Faire travailler ensemble des disciplines traditionnellement cloisonnées pour la production d’une pensée systémique. Comprendre que toutes ces expertises, ces sciences se rencontrent nécessairement à des endroits et des instants multiples. Comprendre aussi que les enjeux sociétaux concernent l’ensemble des citoyens et qu’il faut trouver les mécanismes pour les informer, les consulter et les associer aux décisions à prendre et aux actions à mener.
La transition écologique est-elle encore envisageable ?
Après avoir écouté les discours de chercheurs tels que Jean Baptiste Fressoz, j’ai décidé de retirer de ma rhétorique la notion de transition énergétique ; elle n’a jamais existé et n’existera jamais. À nul moment dans l’histoire de l’économie une ressource d’énergie primaire nouvelle n’en a substitué une autre. Les forces du marché et de la finance n’ont fait qu’empiler les différentes ressources d’énergies primaires disponibles sans jamais envisager de remplacer les plus nuisibles. Une logique de croissance se traduit par un empilement de toutes les énergies disponibles, certainement pas de la volontés de les remplacer. Tant que ces énergies primaires seront disponibles (et envisageables en terme de EROI), elles seront la proie des ambitions des hommes et de l’appétit de la finance. Financiarisation de l’économie oblige, c’est la logique de la surexploitation de l’excédent qui sera le cap. Et plus les hommes et les financiers seront nombreux, plus il faudra les satisfaire en terme d’appétits et d’ambitions. Donc, plus le gâteau (CAD, les ressources naturelles disponibles) devra augmenter en taille jusqu’à atteindre son point critique (pic de production), sifflant dès cet instant la fin de la partie (effondrement).
C’est pour ces raisons, que je pense qu’il n’y aura pas de transition écologique et que la seule voie raisonnable pour préserver les conditions de la vie sur Terre est la décroissance.
La décroissance aura lieu, qu’elle soit choisie avec stratégie ou subie avec drames
NEMO IMS propose une feuille de route financière inédite qui permettra aux gens de choisir cette décroissance. Peut-être faudra-t-il changer le mot décroissance par le terme croissance choisie ? Non seulement pour des raisons de communication et d’acceptabilité, mais aussi parce que certains pays en voie de développement devront croitre jusqu’à atteindre une moyenne définie comme acceptable. En revanche, les pays riches devront mettre un frein à leur course vers l’idéal « american way of life », cette compétition égotique entre ceux qui possèderont le plus de jouets ostentatoires dans la tombe. Ceux qui croient qu’il est impossible d’être en dehors de l’avoir.
NEMO IMS et la théorie du donut de Kate Raworth
NEMO IMS est un système financier qui matche parfaitement avec la théorie du donut de Kate Raworth. L’idée est de maintenir un équilibre entre les critères de la société humaine avec les capacités de charge de la planète. De part ses mécanismes financiers, NEMO IMS vise à remplir cette mission. Par la diffusion d’une monnaie sans dette fléchée vers la réparation des communs, ces domaines ne nécessitent plus l’impôt et donc, moins de croissance. Ainsi, nous créerons de nouveaux emplois où des gens trouveront sens et pertinence dans leurs actes. Cela ouvrira de nouveaux marchés intentionnels qui permettront des reflux sur nos dettes financières en même temps que la réparation de nos dettes envers GAÏA.
Comme lors d’une relance traditionnelle, les États se délesteront peu à peu d’une partie de leurs dettes souveraines, leur donnant plus de latitude quant aux financement de services publics essentiels comme la santé, l’éducation, la justice, des services publiques justes et efficaces. Les gens ne travailleront plus tant dans l’idée de capitaliser leurs retraites, car nous pourrions mettre en place des systèmes de revenus universels où ils seraient libérés du travail contraint. La société sera celle de l’art, de la culture, de la promotion de la santé, de coopération, du savoir. Une société où homo œconomicus laissera la place à homo philosophicus. Le travail et le mérite prendraient d’autres formes et seraient radicalement déconnectés du productivisme. Corvées pour les machines ! Arts, savoirs, culture et loisirs pour les hommes !
Keynes disait qu’un jour, les hommes ne travailleront que 12 heures par semaine. Peut-être que la notion même de travail prendra une forme nouvelle ? Comme un service de la corvée citoyenne de quelques années dans le même ordre d’idée que notre bon vieux service militaire. Les machines nous épauleront dans cette nouvelle économie. Toutes les activités essentielles mais dangereuses ou ingrates seront conservées, mais faites par des robots.
Nous avons un monde à réinventer, car changer de système monétaire c’est changer de monde !