Nous allons dans ce chapitre passer en revue les dispositifs macro-prudentiels préconisés par NEMO IMS. Ces dispositifs ont pour but de réguler la quantité de monnaie dans l'économie, mais aussi sa qualité dans un contexte de flux monétaires dynamiques et permanents.
La notion de qualité de la monnaie est une première, car le discours dominant envisage la monnaie comme neutre, autant en termes de quantité que de qualité. Ce qui suit a pour but de remettre en question ces préceptes. Le but est de proposer une profonde reformulation de la théorie monétaire pour la mettre en phase avec nos impératifs contemporains.
Nous savons que le discours économique actuel est dominé par le néolibéralisme. Pour cette idéologie, l'économie ne relève que du marché, la monnaie est supposée neutre et la seule mission de l’État est de faire en sorte que les lois du marché soient scrupuleusement respectées pour éviter des distorsions dans la libre concurrence.
En ce qui concerne la monnaie, le néolibéralisme applique la doctrine monétariste, c'est-à-dire la "théorie quantitative de la monnaie". Ce qui veut dire que toute création monétaire pour le financement de choses autres que le marché sont taboues et proscrites. Le marché est prétendu efficient et auto régulateur. De ce point de vue, toute chose dont la détermination du prix ne peut se faire par les mécanismes de l'offre et de la demande... Eh bien, ça n'existe pas !
Aux antipodes de ces dogmes, l'économie se décompose en deux sphères pour NEMO IMS : l'une marchande et l'autre non-marchande. Il est illusoire, absurde et injuste que ces deux sphères soient financées par les mêmes institutions ; tout simplement parce que la rentabilité ne saurait être envisagée dans le cas d'une activité non-marchande. Cela ne veut pas dire qu'elle ne soit pas essentielle, cela veut juste dire que cette activité ne peut engendrer de rentabilité financière à court terme, mais plutôt d'une diffusion "discrète" de bienfaits à long terme, sur la collectivité humaine et les communs naturels.
C'est à cet endroit que NEMO IMS envisage une finance qui n'a pas pour but de produire des biens et services apportant une gratification immédiate aux consommateurs, mais de réaliser des services qui feront en sorte que ces consommateurs et leurs descendants restent en vie sur une planète viable et pour longtemps.
"L'inflation ? C'est créer de la monnaie qui n'existe pas pour financer des trucs pas rentables !" disait Jacques Rueff.
Cela tombe plutôt mal, car c'est précisément le projet de NEMO IMS. Une création monétaire dédiée à des choses non-marchandes n'est pas concernée par la loi du reflux comme la monnaie bancaire. Par cette absence de reflux, nous avons donc affaire à une monnaie permanente dont l'accumulation quantitative pourrait poser des problèmes de confiance et/ou de perte de pouvoir d'achat. NEMO IMS envisage la monnaie comme un flux constant. Cela veut dire que si une partie de la masse monétaire est créée sans dette et pour des choses non-marchandes, il convient alors d'organiser la destruction de cette partie de la masse monétaire par des dispositifs de neutralisations monétaires substituant (ou complétant) l'absence des mécanismes de reflux bancaires.
Contrairement au discours économique dominant qui fait la promotion de la théorie quantitative de la monnaie, NEMO IMS propose la théorie quantitative dynamique de la monnaie. Ici, la monnaie n'est pas envisagée comme une masse fixe orientée marché, mais comme un flux permanent disposant d'un début et d'une fin, et dont la quantité est pilotable dynamiquement et politiquement. Cet usage dynamique de la monnaie a pour objectif de faire faire à la monnaie des choses que le marché en roue libre ne sait pas faire. L'idée est de flécher une création monétaire sans dette directement au cœur de projets essentiels mais insolvables, comme la régénérescence ou préservation des communs. Ainsi, "l’essentiel insolvable" devient rentable par monétisation et peut faire l'objet de marchés intentionnels via des appels d'offres. Ce qui est précisément la mission du GAIA Economic Symposium que nous avons étudié précédemment.
Pour NEMO IMS, la création monétaire ex nihilo (planche à billets) n'est pas un problème si une quantité équivalente de monnaie est détruite par ailleurs.
Nous avons vu que la monnaie crédit diffusée par les banques commerciales est temporaire. C'est-à-dire qu'elle est créée lors des opérations de crédits (flux monétaires) puis est détruite lors des remboursements de crédits (reflux monétaires). Nous avons compris que c'est la rentabilité financière qui permet ce reflux. C'est pour cette raison que les banques sont soucieuses du risque de solvabilité des projets qu'elles financent, ne se limitant qu'aux financements de projets marchands, rentables et où le reflux est possible. Le problème, c'est que l'économie ne se résume pas qu'au marché ; il existe des domaines non-marchands qui nécessitent aussi des financements monétaires.
Tout ce qui est essentiel n'est pas forcément rentable et tout ce qui est rentable n'est pas forcément essentiel !
De nombreux paradoxes parsèment la logique de la prétendue efficience du marché. Nous ne dépolluons pas les océans, faute de rentabilité immédiate, alors que nous produisons des gadgets inutiles et polluants parce que ce commerce est immédiatement rentable. Comme déjà dit lors des chapitres précédents, l'extraction engendre des revenus, la régénérescence des communs engendre des charges.
C'est à bien des égards que NEMO IMS s'apparente aux travaux du regretté François Roddier, avec l'idée d'inclure dans la théorie monétaire des concepts issus de la thermodynamique. Pour Roddier, une économie équilibrée doit inclure au moins deux monnaies qui s'inscrivent dans un système de flux permanent. Concrètement, si on est d'accord sur l'idée de flux permanent, NEMO IMS ne propose pas deux monnaies, mais plutôt deux mécanismes institutionnels pour la diffusion d'une seule et même monnaie. L'un orienté sphère marchande, l'autre non-marchande.
Malgré tout le respect que je lui dois, il semble que François Roddier n'a pas abordé les problèmes de la dette interminable, ni intégré l'idée qu'une monnaie dés-encastrée de la dette serait capable de générer des reflux sur les dettes (Dufrêne, Couppey-Soubeyran, Cohen, Grandjean, Delandre, Duval, etc..).
Le problème, c'est que deux monnaies impliqueraient deux comptabilités distinctes où les mécanismes de reflux de la monnaie "B" sur la monnaie "A" seraient inapplicables. Or, la question du reflux monétaire est au cœur du concept NEMO IMS. C'est pour cette raison que NEMO IMS préfère proposer deux instituts distincts pour l'émission de la même monnaie, (avec les mêmes référentiels comptables), mais ces dernières seraient fléchées à des projets différents. C'est de là que viendrait la logique de l'équilibre thermodynamique de la monnaie. Avec NEMO IMS, les logiques de flux permanents (création / destruction) existent et sont complétés par deux mécanismes de création d'une même monnaie en équilibre l'un avec l'autre. C'est un flux permanent de la même monnaie, mais à vocation entropique et néguentropique de part et d'autre.
Rappelons que notre dilemme est que créer de la monnaie pour financer des domaines non-marchands ne pourra jamais occasionner de reflux monétaires, simplement parce que la rentabilité n'est pas présente. Autrement dit, une situation où la monnaie ne serait plus temporaire mais permanente et de là, une potentielle inflation. Il faut donc envisager un moyen de détruire une partie de la monnaie autrement que par les (et en complément des) reflux monétaires.
La métaphore de la baignoire symbolise l'idée que nous avons besoin de mécanismes dynamiques permettant de piloter l'équilibre monétaire à la fois en termes de qualité (le chaud et le froid), mais aussi en termes de quantité (inflation / déflation).
Comme NEMO IMS, envisage la monnaie comme un flux dynamique permanent, si une certaine quantité de monnaie est créée, il faut que simultanément, une quantité équivalente soit détruite par ailleurs. Entre ces deux "endroits", des régulations agissent pour maintenir un quantitatif monétaire stable, en même temps que de nouveaux dispositifs dans le but de promouvoir une économie soutenable.
Passons en revue les différents éléments de cette métaphore
La baignoire symbolise la masse monétaire de notre économie. Cette baignoire doit contenir une certaine quantité d'eau (de monnaie). Elle dispose aussi de repères pour les limites hautes et basses de l'eau. Dépasser le plafond signifie une inflation monétaire et passer sous ce plancher signifie une déflation. Attention ! NEMO IMS a bien intégré l'idée que toute inflation n'est pas nécessairement d’origine monétaire.
Le robinet d'eau chaude symbolise l'émission de monnaie créée par les banques commerciales à dessein de la sphère marchande et productive (des projets qui génèrent de l'entropie). C'est la monnaie dette ou la monnaie crédit, c'est cette partie de la masse monétaire qui est temporaire et est sujette aux mécanismes de reflux.
Le robinet d'eau froide symbolise l'émission de monnaie pour la sphère non-marchande régénérative (des projets qui génèrent de la néguentropie). C'est la monnaie diffusée sans dette par les banques centrales comme rémunération de projets liés aux communs. Cette partie de la masse monétaire est permanente car elle n'est pas soumise au reflux.
La bonde d'évacuation symbolise la destruction monétaire par un ensemble de dispositifs tels que le reflux bancaire ou des fontes monétaires sur les transactions.
Le mitigeur entre l'eau chaude et l'eau froide symbolise le coefficient multiplicateur entre la base monétaire (eau froide) et la masse monétaire (eau froide + eau chaude), c'est le taux de réserves obligatoires.
Le pommeau de douche symbolise l'idée de flécher de la monnaie froide (ou chaude) vers les endroits de la baignoire où l'eau est trop chaude (ou trop froide). Cela se traduit par des subventions pour transformer des domaines nuisibles et extractifs en modèles plus soutenables (ou bien encourager financièrement des processus industriels là où l'offre est trop faible). Concrètement, subventionner des énergies renouvelables ou la dépollution des océans par exemple (ou encourager des mise en place d'économie sociale et solidaire ou des projets de permaculture).
Trop de savon engendre trop de mousse et rend difficilement perceptible le niveau d'eau entre les repères (flou bancaire). Cela symbolise l'idée que trop de monnaie bancaire soit créée pour le financement de projets spéculatifs type subprimes, entrainant toute sorte de produits financiers titrisés favorables à des crises. Pour faire bref, trop de savon nous fait glisser vers des crises. Réduire la quantité de savon, c'est-à-dire instaurer des règles macro prudentielles, comme le Glass Steagall act, etc.. permet de limiter la capacité des banques à générer des crises (et des bulles).
Les requins dans la baignoire symbolisent l'idée que des spéculateurs utiliseraient NEMO IMS à des fins mafieuses, des pots de vins, des trafics d'influences, copinages ou tricheries. Il convient donc d'intégrer des dispositifs de surveillance et de prévention contre les requins.
Le tarif de l'eau chaude symbolise l'idée d'une augmentation progressive des taux commerciaux bancaires, selon la nature plus ou moins nuisible des projets financés (taux verts ou taux bruns). De même que le jeu avec les taux directeurs de banque centrale, de manière à limiter ou augmenter les émissions de crédits. Cependant, il convient de synchroniser ces dispositifs avec l'ouverture de la bonde d'évacuation.
La température générale de l'eau est équilibrée selon des choix entre l'émission de chaud et de froid. La "bonne" température symbolise un équilibre soutenable de l'économie entière ; c'est-à-dire une juste proportion entre le marchand et le non-marchand. Une eau trop chaude signifie trop d'entropie (de monnaie bancaire à vocation extractive) et une eau trop froide signifie trop de néguentropie (de monnaie non-bancaire à vocation régénérative). La survie dans l'eau bouillante ou glacée n'est pas envisageable ; il faut contrôler le chaud et le froid pour entretenir un équilibre durable. La gestion dynamique de ces deux robinets permet donc à l'économie de bénéficier d'un juste équilibre entre l'économie extractive (sphère marchande) avec l'économie régénérative (sphère non-marchande), mais aussi le quantitatif. Il y a donc l'idée d'un pilotage dynamique entre les robinets de chaud, de froid et la bonde d'évacuation.
Le refroidissement général de l'eau symbolise l'idée que si l'on apporte pas régulièrement une quantité d'eau chaude (de monnaie productive) dans la baignoire, la monnaie est conservée en épargne improductive et les innovations ne sont pas en assez grands nombres pour créer un équilibre indispensable entre le marchand et le non-marchand. De manière générale, l'économie se refroidit, il n'y a pas assez de productions de biens et services pour répondre à la demande. De surcroit, le prix des actifs immobiliers qui augmente par des effets spéculatifs. Nous avons vu que la création monétaire (théorie endogène de la monnaie) joue un rôle d'accélérateur économique, à condition de faire de cette création un usage pertinent (pas de financer une bulle immobilière ou la bullshitnovation). Le rôle des banques commerciales est donc primordial, car elles injectent de la monnaie productive (eau chaude) de manière que la température générale de l'eau demeure constante. Encore une fois, le jeu avec la bonde sera crucial, car il aura aussi pour but de faire fondre de la monnaie (et donc les revenus spéculatifs) lors de ces opérations spéculatives.
La quantité globale de la masse monétaire est symbolisée par deux marques. L'une basse, signifiant un plancher (minimum) et l'autre autre haute signifiant un plafond (maximum). Entre ces deux marques se situe un équilibre macro-prudentiel où le niveau d'eau doit demeurer. Soit la quantité d'eau (de monnaie) est trop faible (déflation) alors on en crée plus et/ou on freine sa destruction (on ferme la bonde).Soit la quantité d'eau est trop grande (inflation) alors on en crée moins et/ou on accélère sa destruction (on ouvre la bonde).
La baisse synchronisée des repères haut et bas de la baignoire symbolisent l'idée de la décroissance (ou croissance sélective). Elle se pilotera par une volonté politique de baisser ces deux deux repaires en proportion. L'idée est de ralentir l'économie générale tout en garantissant que l'eau reste à la bonne température. L'observation de cette "bonne" température signifie que les critères de la société sont respectés et ne se font pas au détriment de la baisse stratégique du PIB. Ainsi, la baisse générale de ces repaires "haut et bas" a pour but de conserver une adéquation entre les critères sociaux avec les limites planétaires. Ainsi, faire baisser le niveau général de la baignoire tout en conservant une bonne température de l'eau constitue l'intégration de la théorie du DONUT par NEMO IMS.
Aussi bien en termes de quantité qu'en termes de qualité, la monnaie n'est neutre en rien !
Reste maintenant à définir comment sont organisés tous ces éléments dans NEMO IMS. Comment doivent-ils être utilisés ? Quelle doit être la quantité d'eau générale de la baignoire ? Où se situent les marques limites ? Et quels sont les dispositifs qui symbolisent la bonde d'évacuation ?
Concrètement, ce sont les Banques centrales de tous les pays qui diffuseront leur monnaie sans dette mais en contrepartie d'activités écologiques et sociales. Le concept NEMO IMS propose que les banques centrales fassent évoluer leurs mandats dans l'objectif de permettre la préservation des conditions de la vie sur Terre. Leur rôle est donc primordial. Dans le cadre d'un consensus mondial, les NEMO Green DTS sont diffusés vers des activités extra financières essentielles, il convient que les banques centrales soient associée au projet de manière à piloter la politique macro-prudentielle.
NEMO IMS aura les avantages de l'or (confiance et éthique), sans en avoir les inconvénients (création/destruction), et permettra de faire des choses que l'or ne sait pas faire (usage politique et pragmatique de la puissance monétaire).
L'émission de la monnaie centrale indexée sur les NEMO Green DTS
C'est le GAIA Economic Symposium qui détermine annuellement le nombre de NEMO Green DTS alloués au monde entier, ainsi que leur répartition internationale. La création de monnaie centrale est conditionnée par l'émission des NEMO Green DTS. La base monétaire (monnaie centrale) augmentera donc à mesure que les NEMO Green DTS seront émis. Il conviendra donc de limiter la capacité des banques commerciales à émettre de la monnaie via le crédit en augmentant le taux de réserves obligatoires, de sorte que même si la base monétaire augmente, la masse monétaire reste constante.
L'eau froide (la monnaie centrale régénérative)
L'eau froide symbolise les NEMO Green DTS qui ont été convertis en monnaies nationales par le NEMO SWIFT et selon un taux de change fixe mais modifiable. Les NEMO Green DTS sont différents des DTS du FMI. On doit les envisager comme des certificats destructibles à réception et donnant lieu à une conversion en monnaie nationale. Ils sont l'unité de compte écologique diffusée par le GAIA Economic Symposium en contrepartie d'activités extra-financières. Ainsi, la primo affectation de cette monnaie ne s'est pas faite par une banque commerciale pour une activité rentable et extractive, mais pour une activité de bien communs.
Nous verrons que ces émissions de monnaies sans dettes permettront des reflux sur les dettes. Évitant ainsi le fait que seule une monnaie à vocation extractive puisse générer du reflux sur les dettes. Avec NEMO IMS, c'est une monnaie à vocation régénérative qui permet des reflux sur les dettes de monnaie extractive.
Les NEMO Green DTS sont comme "la main qui tourne le robinet d'eau froide". Cette main décide d'activer ce robinet dans le cadre de décisions convenues de manière internationale. Cela se fait dans l'idée que tous les pays auront nécessairement un rôle à tenir dans la préservation de la vie sur la planète.
L'eau chaude (la monnaie commerciale extractive)
L'eau chaude symbolise la monnaie diffusée par les banques commerciales lors des opérations de crédits (monnaie dette). La monnaie bancaire est soumise aux impératifs de rentabilité financière, de sorte qu'opèrent les mécanismes de reflux monétaires. Ce qui implique que l'émission de la monnaie bancaire ne peut se faire que pour des domaines marchands (et la plupart du temps liés à l'extraction) où la rentabilité est prévue.
La monnaie diffusée par les banques commerciales est scripturale ; ce ne sont que des écritures comptables avec des soldes + et des soldes -. Nous avons vu que l'existence des soldes + (monnaie) est conditionnelle à l'existence de soldes - (dettes). Ainsi, si nous décidions, (si tant est que ce soit possible), de solder toutes nos dettes, la monnaie disparaitrait par la loi du reflux (- X + X = 0).
Nous savons que la masse monétaire totale (M0 + M1) est constituée à 90% de monnaie bancaire de crédit, les 10% restants sont de la monnaie de Banque Centrale M0.
La monnaie sans dette est une arme de désendettement massive
Sortons de la métaphore de la baignoire pour revenir dans celle des trous. Cette dernière explicitait le dilemme comptable lié au fait que la monnaie bancaire était diffusée en contrepartie d'une dette et soumise à un taux d'usure. Nous avons compris que ce taux d'usure, ainsi que d'autres facteurs tels que la thésaurisation ou l’évasion fiscale, obligeaient à créer toujours plus de monnaie via le crédit pour combler des dettes anciennes. Dans cette logique, c'est l'endettement des suivants qui permet le désendettement des précédents. Mais le bilan, tant de la monnaie que de la dette, ne pouvait que grandir en devenant préoccupant pour l'économie entière. Les États et Banques centrales ont déjà utilisé une bonne partie de leurs munitions lorsqu'il a fallu gérer la crise des subprimes avec les "quantitative easing" ou swapper les passifs privés échoués ou toxiques au bilan souverain.
De surcroit, gardons à l'idée qu'une dette est une promesse d'extraction future. Ainsi, plus la dette bancaire sera élevée, plus l'économie devra faire pression sur la nature dans l'exploitation de ses ressources naturelles et continuer vers toujours plus de dégradations, de pollutions et de catastrophes environnementales.
Par incompréhension de ces mécanismes, nous nous sommes enfermés dans un piège de la comptabilité. Pour en sortir, nous devons inventer un stratagème de la comptabilité. La monnaie sans dette est précisément ce stratagème.
Dettes financière VS dettes envers la nature
Nous savons que nous avons des dettes envers les banques, mais aussi des dettes envers la nature. La pollution doit être réparée, nous devons protéger et régénérer ce qui peut l'être de manière à apporter un équilibre durable entre les humains et la planète.
Si on reste enfermés dans le logiciel actuel, solder notre dette financière ne peut se faire qu'en augmentant notre dette envers la nature. Réciproquement, solder notre dette envers la nature ne fera qu'augmenter notre dette financière.
Nous avons évoqué maintes fois ce mythe de Sisyphe économique que les praticiens standards n'ont toujours pas intégré. La monnaie sans dette est un moyen de solder ces deux dettes simultanément. Sans recours à la fiscalité, les émissions de NEMO Green DTS procurent la monnaie "écologique et sans dette" qui ruissela dans l'économie et comblera de ça, de là les trous par la loi du reflux. Un peu comme si l'on créait des soldes + sans recours à de nouvelles dettes, qui auraient pour effet de tomber dans les soldes - . C'est-à-dire, combler les dettes bancaires précédentes.
Ce stratagème de la comptabilité ne consiste finalement qu'à créer et diffuser une monnaie sans dette fléchée directement au cœur d'activités non-marchandes. De cette manière, ces problèmes se règlent sans recours à l'impôt et solde une partie des dettes privées et souveraines. Ces mécanismes engendreront des marchés intentionnels qui combleront les défaillances du marché habituel quant à la prise en compte des communs. Par ailleurs, ils engendreront de nouvelles ressources fiscales où les États pourront alléger le poids de la dette souveraine tout en leur permettant plus de latitude budgétaire à utiliser par ailleurs (éducation, santé, culture, services publics efficaces, État Providence, revenu de liberté, etc..).
Bien entendu, il convient que NEMO IMS fasse l'objet d'un consensus mondial. Autrement, nous serons toujours sous le dilemme de contrainte extérieure, avec une compétition qui pousse la précaution écologique et sociale par le bas et qui mène toujours à plus d'extractions et de pressions sur les ressources naturelles.
Ainsi, la création monétaire ex nihilo et sans dette (planche à billet) n'aura pas tant pour effet d'augmenter la quantité de monnaie que de réduire la quantité de dettes. Il faut comprendre par là qu'une bonne part de la monnaie créée de cette manière disparaitra par les mécanismes du reflux bancaire. Une autre partie devra faire l'objet de processus de neutralisation différents comme les fontes (destruction monétaire) sur les transactions.
Créer de la monnaie par ces mécanismes, ne peut pas engendrer de problèmes inflationnistes si une quantité de monnaie équivalente est détruite par ailleurs. C'est l'essence même de la théorie quantitative dynamique de la monnaie. Nous comprenons bien que ces dispositifs sont conçus pour éviter des crises de liquidités (décidément ces métaphores).
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Réserves obligatoires ou réserves fractionnaires ?
Cette parenthèse a pour but d'éclaircir un débat théorique entre les économistes. C'est le fameux débat entre les réserves fractionnaires et les réserves obligatoires. Qui a raison ? La Banque de France a tranché.
Le mythe des réserves fractionnaires
Pendant longtemps, l'idée dominante était que les banques ne pouvaient prêter que l'argent qu'elles avaient déjà reçu en dépôt.
Cette théorie, connue sous le nom de "réserves fractionnaires", est aujourd'hui remise en question.Nous allons faire une démonstration en "big picture" simplifiée.
Si la banque n°1 dispose de 1000 euros de dépôts et que le taux de réserves obligatoires est de 1%, elle peut prêter 990 euros et doit obligatoirement déposer 10 euros à la banque centrale au titre des réserves fractionnaires.
Ces 990 euros circulant dans l'économie, la banque n°2 aura un dépôt 990 euros. Elle devra donc conserver 1% (9,9 euros) auprès de la banque centrale et aura la faculté de prêter 980.1 euros.
Ces 980.1 euros circulant dans l'économie, la banque n°3 aura un dépôt de 980.1 euros. Elle devra donc conserver 1% (9.801 euros) auprès de la Banque centrale et aura la faculté de prêter 970.299 euros.
Etc..
Etc..
Nous reconnaissons l'application d'une suite géométrique.
Dans cette hypothèse, les banques ne créent finalement pas d'argent, mais le bilan monétaire augmente néanmoins par cette logique. Si l'on calcule cette suite géométrique, le bilan total de monnaie émise à partir de 1000 euros est de 100 000 euros. Le problème est que cette théorie des "réserves fractionnaires" est erronée, et nous devons plutôt nous tourner vers la théorie des réserves obligatoires.
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La théorie des réserves obligatoires
Nous avons vu que les banques n'ont pas besoin de disposer de dépôts pour prêter, puisqu'elles créent ex nihilo la monnaie qu'elles prêtent. La réalité sur la monnaie bancaire (monnaie dette ou de crédit) et sur la notion de taux de réserves obligatoires est très différente : C'est la quantité de monnaie centrale associée au taux de réserves obligatoires qui détermine la capacité des banques à émettre de la monnaie crédit.Les banques commerciales doivent détenir un montant minimal (les réserves obligatoires)en monnaie centrale (agrégat M0).
Partons de l'hypothèse que la banque commerciale dispose de "100" en monnaie de banque centrale et que le taux de réserves obligatoires en monnaie centrale est fixé à 2 %.
100 / 0.02 = 5000 Puis 5000 - 100 = 4900
Cela veut dire que la banque commerciale a le droit de créer et prêter jusqu'à 4900 euros (limite plafond) via le crédit.
C'est le multiplicateur (ou diviseur) monétaire ! Vous commencez à comprendre d'où vient notre endettement colossal ?
Fin de parenthèse
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On joue avec le mitigeur ? Taux de réserves obligatoires avec NEMO IMS.
Tentons maintenant de manipuler dynamiquement le "mitigeur monétaire" de sorte que la "température" monétaire dans la baignoire soit équilibrée.
Pour rappel, si l'eau est trop chaude (trop de monnaie bancaire entropique), il y a trop d'extractions et de pression sur les ressources naturelles et les énergies non renouvelables. Inversement, si l'eau est trop froide (trop de monnaie néguentropique). Il y a une disproportion entre trop de régénérescence (ces créations de revenus vont nécessairement augmenter la demande) et un manque de production ; cette situation engendre un choc négatif de l'offre face à une demande trop importante et donc, une inflation.
Jouer dynamiquement avec ce mitigeur aura pour but de piloter entre le pouvoir d'achat et la régénérescence des communs planétaires. Certains agents auront pour mission de préserver et régénérer les communs planétaires et d'autres, de produire des marchandises pour tous, en faisant en sorte que ces productions engendrent le moins possible de nuisances.
De la même manière qu'entre l'eau chaude et l'eau froide la baignoire dispose d'un mitigeur, entre M0 et M1, il existe des dispositifs macro-prudentiels. NEMO IMS propose d'utiliser ces dispositifs autant pour des objectifs de stabilité des prix que pour des objectifs écologiques.
Pour intégrer ce raisonnement à la métaphore de la baignoire, le "mitigeur monétaire" pilote dynamiquement un équilibre entre l'émission de monnaie centrale (celle qui est indexée sur les émission des NEMO Green DTS) et l'émission de monnaie bancaire (celle qui est dédiée à la production/extraction). De cette manière, le jeu avec ce mitigeur permet une allocation équilibrée entre le niveau de monnaie centrale et le niveau de monnaie commerciale.
Pour NEMO IMS, les émissions de NEMO Green DTS donnent droit à la banque centrale d'émettre de la monnaie centrale (eau froide) qui servira de réserve obligatoire (base monétaire) pour les émissions de crédits bancaires (eau chaude).
À mesure que le GAIA Economic Symposium émet des NEMO Green DTS, il est convenu que les banques centrales augmentent proportionnellement les taux de réserves obligatoires (mitigeur) de manière à limiter les capacités des banques à émettre de la monnaie crédit (eau chaude).
Repartons de l'exemple précédent et imaginons que le taux de réserves obligatoires augmente peu à peu en fonction de la politique monétaire.
Avec 100 en base monétaire :
Taux à 2% => 100 / 0.02 = 5000 et 5000 - 100 = 4900
Taux à 3% => 100 / 0.03 ≈ 3333 et 3333 - 100 ≈ 3233
Taux à 4% => 100 / 0.04 = 2500 et 2500 - 100 = 2400
Taux à 5% => 100 / 0.05 = 2000 et 2000 - 100 = 1900
etc.
Nous voyons ici que le fait d'augmenter le taux de réserves obligatoires limite et restreint les capacités des banques commerciales à émettre de la monnaie via le crédit.
Avec le contrôle dynamique des taux de réserves obligatoires, même si la base monétaire augmente,la masse monétaire peut rester constante.
Autre exemple avec la base monétaire augmentée à 200 :
Taux à 2% => 200 / 0.02 = 10000 et 10000 - 200 = 9800
Taux à 3% => 200 / 0.03 ≈ 6666 et 6666 - 200 ≈ 6466
Taux à 4% => 200 / 0.04 = 5000 et 5000 - 200 = 4800
Taux à 5% => 200 / 0.05 = 4000 et 4000 - 200 = 3800
etc.
Ces exemples montrent qu'en fonction des objectifs macro-prudentiels et/ou pour des objectifs de décroissance, la masse monétaire générale peut même baisser en augmentant drastiquement le taux de réserves obligatoires.
Si la création monétaire des banques et la croissance sont des phénomènes endogène entre-eux, le fait d'augmenter drastiquement les taux de réserves obligatoires mettra un frein à la croissance en réduisant la capacité des banques à émettre des crédits.
Cependant, ce dispositif doit être utilisé dans le cadre d'une politique de transformation de l'économie productive pour s'adapter à cette décroissance. Cet objectif devra nécessairement s'accompagner d'une offre socialement et écologiquement repensée. Pour reprendre la métaphore, il s'agit de contrôler la température de l'eau dans la baignoire (équilibre entropie / néguentropie), en même temps que sa quantité. Le tout, en faisant en sorte de transformer l'économie productive pour qu'elle continue de fournir des biens et services marchands écoresponsables pour éviter des chocs négatifs de l'offre.
Reflux bancaires et fontes monétaires (la bonde d'évacuation)
La bonde de la baignoire évacue toute l'eau sans discerner l'eau chaude de l'eau froide, mais possède un dispositif permettant de réguler dynamiquement la quantité d'eau à évacuer.
On comprend bien que l'émission des NEMO Green DTS n'est pas adossée à de la production de biens et services, par conséquent, trop de cette émission peut provoquer un choc positif de la demande, qui seront amplifiés par l’absence de reflux bancaire. Il convient alors d'observer que la monnaie bancaire, dédiée à la production, demeure en quantité suffisante de manière à éviter des chocs négatifs de l'offre et que cette offre réponde à des critères écologiques et sociaux satisfaisants. On comprend bien ici l'idée de pilotage dynamique entre la création et la destruction monétaire.
En complément des mécanismes de reflux, la destruction monétaire dans NEMO IMS se fait à l'occasion des transactions financières ou commerciales, lors du paiement de la TVA par exemple. Un pourcentage de la monnaie prélevée sera destiné à la destruction et le reste aux dispositifs de redistribution habituels.
Il est envisagé que ces destructions monétaires soient pondérées selon des critères sociaux et écologiques, de manière à "retirer" de la monnaie (revenus financiers) aux endroits les plus nuisibles de l'économie. L'idée étant d'inciter les acteurs de ces domaines à rendre leurs processus productifs moins préjudiciables s'ils souhaitent conserver leurs marges.
Sur le plan macro-prudentiel, ces destructions monétaires ont pour but de réguler la "vitesse de la monnaie" ( PT = MV ) en même temps que de procéder à des ajustements sociaux et écologiques.
On comprend bien que si une monnaie est basée sur l'or (théorie exogène), l'idée de création et/ou destruction monétaire à desseins de ces objectifs est inenvisageable. Alors que si la monnaie relève de conventions humaines, son pilotage politique ne pose aucun problème. Pour rappel, NEMO IMS considère que l'or, utilisé comme monnaie durant des millénaires, n'a été qu'un "faute de mieux conceptuel et historique", une relique barbare disait Keynes.
Augmentation progressive des tarifs de l'eau chaude
Les tarifs de l'eau chaude symbolisent le taux d'intérêt du crédit. C'est ce que l'on appelle le "prix de l'argent". Nous avons vu que les délibérations récentes envisagent de fixer un tarif vert et un tarif brun sur les crédits bancaires. NEMO IMS abonde dans ce sens et propose une grille de tarifs bancaires progressifs et pondérés selon des critères écologiques et sociaux.
Baisse générale du niveau d'eau (décroissance)
La décroissance, ou la croissance sélective est un des objectifs de NEMO IMS, un moyen de recalibrer notre économie pour qu'elle fonctionne dans les limites planétaires.
Imaginez que nous réduisions progressivement le niveau d'eau dans notre baignoire métaphorique : ce n'est pas pour vider la baignoire, mais pour trouver le juste niveau d'eau qui permet à tous de se baigner sans déborder ou assécher. C'est une invitation à repenser la notion de croissance, à reconnaitre que le bien-être ne réside pas dans l'accumulation sans fin mais dans l'équilibre et la qualité de ce que nous valorisons. La baisse générale du niveau d'eau symbolise notre transition collective vers une économie qui n'est pas obsédée par la croissance quantitative, mais qui chérit la qualité de vie, la résilience des communautés et la santé de notre planète. C'est une décroissance sélective, choisie et éclairée, qui nous permet de nous concentrer sur ce qui compte vraiment : une prospérité durable pour tous, dans le respect des limites de notre monde.
Ce chapitre passe un savon aux thuriféraires du discours dominant. Il est temps de nettoyer les modèles éculés de la croissance infinie dans un monde fini et de la logique du marché prétendument salvateur et autorégulateur.
Nous devons récurer l'économie de ces vieux préceptes face aux enjeux actuels de survie planétaire et d'équité sociale. Il est illusoire de s'accrocher à des doctrines dépassées pour répondre aux défis de notre temps.
NEMO IMS propose une nouvelle architecture pour la tuyauterie de la liquidité ; des concepts et des outils conçus pour une économie équilibrée et durable. Mettez de côté vos calculatrices qui additionnent les profits sans compter les couts écologiques, baignez-vous dans l'équilibre et la soutenabilité. Si vous refusez de tenir compte de la finalité des ressources naturelles et des critères de la société, cela vous conduira à la catastrophe.
Ce n'est pas seulement notre économie qui a besoin d'une mise à jour, mais notre vision du monde et notre rôle en son sein. Envisager l'extraction sans l'observation d'un équilibre écosystémique n'est que folie, car l'économie des choses que l'on compte toujours n'est possible que grâce à l'existence de choses que l'on ne compte jamais. Il est temps de tenir compte de ces choses intangibles sur le plan comptable mais essentielles à la vie.
Maintenant vous avez le choix : bain tiède ou douche froide ?